L'OTHÉMATOME CHEZ LE CHIEN
Très complet :
ENVA : L'Othémathome du chien
Extrait :
1- DÉFINITION ET IMPORTANCE DE L’OTHÉMATOME CANIN
1-1- Définition
L’othématome canin se définit comme une tuméfaction fluctuante et bien
circonscrite intéressant l’auricule. (Figure 22) Cette collection peut être de
taille variable, et peut ne concerner qu’une petite partie du pavillon, mais
aussi l’ affecter entièrement. D’apparition brutale, l’othématome est
généralement responsable d’une douleur vive et provoque un port de tête penché
du côté de l’oreille atteinte.
La collection est habituellement séro-sanguine et semble être provoquée par des
ruptures de micro-vaisseaux sanguins occasionnées par des mouvements brutaux de
la tête, ou des traumatismes violents et répétés au niveau des oreilles. Les
liquides libérés lors de ces petites hémorragies s’organisent en une collection
au niveau de l’auricule, le plus souvent sur la face concave du pavillon.
L’othématome n’est pas propre au chien, c’est une pathologie que l’on retrouve
dans de nombreuses autres espèces :
• chez le chat, où cette affection présente de grandes similitudes par rapport
au chien, aussi bien en ce qui concerne la pathogénie que les traitements,
• chez le mouton, où des études rapportent cette pathologie en relation avec une
otacariose à Psoroptes ovis,
• chez le cheval, où un cas a été rapporté et décrit chez un poulain en
l’absence d’affection auriculaire sous-jacente,
• chez la vache,
• chez la musaraigne.
Chez l’Homme, l’othématome existe et est le plus fréquemment causé par un coup
au niveau de l’oreille. On l’observe principalement chez les rugbymen, les
boxeurs et catcheurs, mais aussi chez les acrobates, les déménageurs, les
bouchers, les « déments et sujets âgés ».
Après apparition, l’hématome va ensuite se résorber progressivement et laisser
la place à un épaississement de la peau secondaire à l'installation d'une
fibrose. Ainsi se constitue le classique aspect d'oreille en " chou-fleur " des
rugbymen, qui voient la peau du pavillon de l'oreille s'épaissir progressivement
au fil du temps, ce qui est aggravé par la répétition des chocs. Cet aspect en
chou-fleur est définitif si l'hématome n'est pas drainé. On ne peut en effet pas
effectuer de chirurgie correctrice ou esthétique à ce terme. Pour éviter
l'apparition de cet épaississement, un drainage de l'hématome est indispensable.
1-2- Importance
Bien que certains auteurs considèrent l’othématome canin comme une pathologie
rare, il est aujourd’hui établi que cette affection est couramment rencontrée en
pratique générale.
Une enquête menée auprès de vétérinaires en Amérique du Nord a indiqué que le
traitement chirurgical de l’othématome se classe huitième parmi les
interventions chirurgicales les plus fréquemment réalisées. En terme de
fréquence, cette intervention intervient immédiatement après l’ovario-hystérectomie,
la castration, l’ablation des griffes, la prophylaxie dentaire, l’extraction
d’une dent, le traitement des abcès et l’exérèse locale d’une grosseur.
En dépit de sa fréquence, nos connaissances sur l’othématome sont relativement
limitées . Des études ont indiqué que les clients conçoivent l’othématome de
l’oreille comme un des problèmes les plus simples, et qu’ils sont très déçus
devant la fréquence des récidives.
En outre, et bien que des auteurs aient suggéré plusieurs techniques de
traitement, quelques investigateurs seulement se sont intéressés aux causes et à
la pathogénie de cette affection. Des causes mécaniques ont été avancées, par
exemple les mouvements de la tête associés à une otite externe, conduisant à une
rupture des vaisseaux sanguins du pavillon avec formation d’un hématome.
Plus récemment, une pathogénie auto-immune a été proposée, jetant un doute sur
la supposition selon laquelle la tuméfaction du pavillon correspond à un
véritable hématome. En effet, si cette hypothèse est vérifiée, le liquide
responsable du soi-disant hématome correspondrait plutôt à un exsudat
inflammatoire.
L’othématome représente également une affection frustrante chez l’Homme, chez
qui le problème est fréquemment réfractaire au traitement médical et les
résultats du traitement chirurgical souvent insatisfaisants. On a fait appel à
diverses techniques d’incision et de drainage et utilisé des dispositifs de
compression variés, mais les effets produits se sont avérés médiocres.
1-3- Le tableau clinique
Nous avons déjà envisagé la grande diversité de formes, de longueur et de port
d’oreille chez les différentes races de chien. Des études ont indiqué que
l’othématome se développe plus souvent chez les chiens aux oreilles tombantes.
[10, 17, 45] Néanmoins, ces rapports ne précisent pas les races affectées, ni si
ce phénomène est dû à la conformation de l’oreille ou s’il est lié à une
prédisposition raciale. Par ailleurs, on rencontre tout de même des othématomes
chez les chiens à oreilles courtes et dressées.
Larsen a noté que l’incidence est plus élevée chez le berger allemand et le
caniche, mais il a concédé que ceci était peut-être le reflet du nombre de
chiens de ces races présentés à son cabinet. Peu d’autres études ont fait l’état
d’une prévalence selon la race.
Une enquête non publiée et menée par Joyce, portant sur 237 cas d’othématome
chez le chien dans le nord de l’Angleterre laisse à entendre que l’incidence est
accrue chez le Labrador et le Golden retriever.
Peu d’arguments plaident en faveur d’une prédisposition de l’othématome selon le
sexe du chien. Certaines études ont indiqué que les mâles sont plus fréquemment
affectés que les femelles.
Larsen a toutefois souligné que les chiens des deux sexes étaient affectés de
manière équivalente dans une étude antérieure, et qu’une étude qu’il avait menée
plus récemment indiquait également que l’incidence d’othématome est
approximativement égale chez les mâles et les femelles. De nombreuses autres
études mentionnent une incidence équivalente chez les deux sexes.
L’incidence en fonction de l’âge est peu documentée. On a fait mention d’une
augmentation de l’incidence de l’othématome à l’âge moyen, le maximum étant
atteint entre 6 et 8 ans. L’enquête non publiée à laquelle il est fait référence
ci-dessus a indiqué que sur les 237 cas examinés, 148 (62%) s’étaient développés
entre les âges de 7 et 11 ans. Une autre étude portant sur 32 cas a mis en
évidence le même phénomène, et souligne l’absence de jeunes animaux parmi les
cas d’othématome rencontrés.
Une étude fait le lien entre le mode de vie de l’animal et la fréquence
d’apparition des othématomes. Les conclusions révèlent que l’incidence des
othématomes est plus élevée chez les chiens vivant à l’extérieur, qui sont
naturellement plus sujets aux chocs et aux variations climatiques, ceci étant
tout particulièrement notable chez les chiens de chasse. A l’inverse, les chiens
dits « d’intérieur », plus protégés et peut être plus surveillés semblent avoir
une incidence d’apparition d’othématome plus faible.